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Le mouvement syndical se prépare au combat

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par Alan Willaert, vice-président de la FAM pour le Canada

Le 14 mai dernier, au lancement de la réunion du Conseil canadien du Congrès du Travail du Canada (CTC), le climat ambiant était empreint à la fois de joie et d’une certaine appréhension. D’une part, les célébrations avaient commencé visant à souligner le 100e anniversaire de la Grève générale de Winnipeg, un événement historique qui a changé pour toujours le paysage du droit du travail au pays. L’allégresse s’est cependant vite dissipée lorsque les discussions ont porté sur les victoires électorales récentes des Conservateurs dans plusieurs provinces—avec tout ce que cela sous-entend. L’état actuel des choses prépare le terrain pour ce qui pourrait devenir une des plus grandes batailles jamais menées au pays par le milieu syndical.

La situation vous semble-t-elle assez grave? Comment peut-on percevoir et mesurer des signes avant-coureurs? Pour savoir vers quoi nous allons, il faut tout d’abord comprendre d’où nous venons.

Les conditions et facteurs qui ont mené à la grève générale de 1919—qui a été perdue soit dit en passant—ressemblaient beaucoup à ce qui se passe aujourd’hui. Il y avait tout d’abord eu la Première Guerre mondiale, un horrible conflit où des milliers de jeunes hommes canadiens ont été envoyés au front en Europe pendant qu’au pays on accueillait des immigrants pour faire face à une pénurie de main-d’œuvre. Au retour des soldats, des employeurs peu scrupuleux se sont fait un plaisir de les voir entrer en lutte avec des nouveaux Canadiens pour obtenir des emplois à des salaires ridiculement bas. Les Canadiens contre les nouveaux arrivants—ça vous rappelle quelque chose?

Nous ne disposons pas d’un espace suffisant ici pour se lancer dans une analyse approfondie de la grève, mais il suffit de mentionner qu’à un moment où les salaires et les conditions de travail avaient atteint un niveau intolérable, où la rancœur avait couvé pendant longtemps, environ 12 000 travailleurs syndiqués de Winnipeg ont décidé de ne pas rentrer au travail en signe de protestation. Le plus surprenant a été l’appui qu’ils ont reçu de la part des ouvriers non syndiqués. En ce jour critique du 15 mai 1919, c’est 35 000 travailleurs mal rémunérés—presque toute la main-d’œuvre de la ville—qui ont quitté leur travail pour descendre dans la rue. Cette grève a duré plus d’un mois.

Irrités par l’audace de ce mouvement populaire qui grevait les bénéfices de leurs entreprises, les grands employeurs ont aussi formé leur propre petite association, celle des riches et des puissants. Le plan élaboré consistait à blâmer les Bolcheviks pour la grève et pour le sort difficile des travailleurs. (La collusion avec les Russes—ce n’est pas seulement une invention des États-Unis de 2016.) Des appels téléphoniques ont été faits au premier ministre Robert Borden qui n’a pas tardé à agir : recours à l’armée pour le contrôle des foules, adoption de lois afin d’interdire les rassemblements et les manifestations et instauration de politiques visant à faire expulser du pays (sans procès) les immigrants reçus ayant participé à la grève. Dans les faits, il venait de mettre en place la législation la plus anti-travailleurs du siècle.

L’association des employeurs, qui s’était affublée du nom de « Citizens Committee of One Thousand », publiait son propre journal, The Winnipeg Citizen, qui blâmait les immigrants pour les troubles civils. Sur un autre front, presque tous les policiers de la ville ont été congédiés pour le motif qu’ils s’étaient montrés favorables aux grévistes et qu’eux-mêmes n’avaient pas rejeté l’idée de créer leur propre syndicat. Le maire les a remplacés par des mercenaires appelés « constables spéciaux » qui, armés de matraques, ne rataient pas une occasion de tabasser les groupes de grévistes. Comme les gens continuaient malgré tout à occuper les rues, on a décidé d’arrêter les meneurs présumés du mouvement et de les jeter en prison.

Le 21 juin (« Bloody Saturday »), comme les grévistes n’avaient plus le droit d’organiser de manifestation, ils ont tenu une marche silencieuse dans la ville. Le maire a appelé en renfort la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest pour disperser l’immense foule. La violence a éclaté au moment où les fiers-à-bras engagés pour l’occasion, la matraque à la main, ont chargé la foule. Des coups de feu ont aussi été tirés par la GRCNO. Deux travailleurs ont perdu la vie et de nombreux autres ont été blessés. Le lendemain, les organisateurs ont mis fin à la grève, voulant éviter d’autres violences et effusions de sang. La grève était terminée, mais les gestes honteux posés par les employeurs avec la complicité des politiciens—jusqu’au premier minister—ont été condamnés publiquement et ont mené à une réforme des lois du travail.

Donc, pourquoi ai-je mentionné que le mouvement syndical se prépare actuellement au combate? Lorsque sept provinces représentant plus de 50 % de la population élisent un gouvernement conservateur, et que si cette tendance se maintient à la prochaine élection fédérale en octobre et que nous assistons à une victoire du Parti conservateur, les conditions seront alors réunies pour permettre au gouvernement de modifier la Charte canadienne des droits et libertés. Cela signifie que plus rien n’est à l’abri. Vous pouvez être certains que non seulement des tentatives seront faites pour limiter le droit de se syndiquer, remettre en question la formule Rand et adopter des lois de « droit au travail », mais qu’aussi on tentera de mettre en place des politiques de droite tout aussi dangereuses en matière d’avortement, d’environnement, d’immigration et de libertés religieuses. Compte tenu de la situation actuelle aux États-Unis et de la grande influence exercée par ce pays, une vague conservatrice au Canada serait catastrophique et demanderait par la suite des décennies d’efforts de la part de gouvernements plus progressistes pour corriger la situation, sans parler des dommages irréparables pour les travailleurs et l’élimination virtuelle de la classe moyenne.

Comment en sommes-nous venus là? Les leçons apprises à Winnipeg il y a longtemps se sont maintenant dissipées. Le temps a creusé un écart entre ceux qui se sont battus pour le changement et ceux qui ont pu en retirer des fruits sans avoir eu une expérience personnelle du combat qui a été mené. Il ne faut pas oublier en outre que la perception à l’égard de l’importance de cette lutte s’est atténuée, tout comme la volonté de maintenir un esprit de solidarité quand la situation l’exige. En d’autres mots, les gens ont oublié pourquoi la création de syndicats était nécessaire à l’origine et mettent en doute les gains et les accomplissements réalisés grâce à la solidarité des travailleurs face à l’avidité insatiable des grandes entreprises. Il existe un danger réel que tout soit à recommencer et que nous ayons à revivre les horreurs que ceux qui nous ont précédés ont eu à affronter dans leur quête pour une vie meilleure ou tout simplement pour obtenir leur juste part.

L’histoire risque donc encore une fois de se répéter. Malheureusement, cela sera dû au refus d’agir et de s’engager pour la juste cause de la majorité silencieuse, ceux et celles qui jouissent de l’équité et des avantages acquis grâce à la négociation collective mais qui ne ressentent aucune affinité avec le milieu syndical. Ce n’est que lorsque ces avantages—ainsi que les libertés et droits fondamentaux—auront disparu qu’ils ouvriront les yeux et se demanderont « Que s’est-il passé? Qui sont les responsables? » Il n’est pas encore trop tard pour arrêter l’hémorragie. Mais le temps presse. Il est minuit moins cinq.







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