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Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?

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Alan Willaert, vice-président de la FAM pour le Canada

Les dirigeants et le personnel des syndicats liés à l’industrie du divertissement s’entendent pour dire que la dévastation causée par la COVID-19 est totale et complète. De plus, lorsque les gens commenceront tranquillement à retourner au travail, les arts de la scène seront les derniers à obtenir la permission de reprendre leurs activités; et c’est là que commencera le plus difficile : la reprise. Les théâtres, les salles symphoniques, les lieux de concerts et les bars risquent peu de se remplir du jour au lendemain. En effet, il y aura des restrictions relativement à l’achalandage et aux distances à maintenir, et donc les ventes de billets seront moindres et les marges de profit pulvérisées.

Tout cela s’ajoute à une économie de la musique déjà très affaiblie par 20 ans de chaos numérique, de cannibalisation par la démonétisation du produit enregistré. Pendant des décennies, les ventes de disques constituaient le revenu essentiel des musiciens; cette époque est révolue. De Napster, Pirate Bay et LimeWire à l’arrivée de Spotify et la folie de la diffusion en continu, le jeune public s’est habitué à ne pas payer, ou si peu, sa consommation musicale. Pour les musiciens qui doivent gagner leur vie, il faut compenser en faisant constamment des tournées, en vendant des marchandises et, avec un peu de chance, quelques CD. Aujourd’hui, les salles, les tournées et les festivals ont disparu, et lorsque la poussière de la pandémie retombera, il y aura un bilan à faire.

On ne peut pas suspendre une carrière artistique et simplement la relancer quand on veut, comme si de rien n’était. La capacité d’attention du public moderne est de courte durée, le succès s’évapore
rapidement et il faut le renouveler constamment. Alors que bien des gens retrouveront une certaine normalité, il n’y aura peut-être rien à retrouver pour les musiciens. Après tout, ils sont leur emploi, leur petite entreprise, qui demande beaucoup de travail, de la constance et de la chance. Pour les musiciens, la pandémie est un traquenard de dimension épique.

Il y a ceux qui croient que ce virus a peut-être du bon, que l’absence d’auditeurs en personne forcera enfin les maisons de disques, Google, YouTube et Amazon à reconnaître l’annihilation, à partager la manne et à rémunérer correctement les musiciens pour le contenu qu’ils produisent. Après tout, laisser les musiciens mourir de leur belle mort veut dire la fin de la création de contenu, précisément ce que ces géants mondiaux sans scrupules ont conspiré à voler aux artistes. Et sans contenu, adieu les profits. Le hamster ne courra pas éternellement sans pain ni eau.

Mais maintenant, en confinement, enfermés, isolés, il y a un essor de la créativité chez les musiciens. Les auteurs-compositeurs semblent inspirés, les studios d’enregistrement à domicile sont en activité et des concerts maison poussent un peu partout. Est-ce qu’un nouveau modèle est sur le point d’émerger, avec un nouveau mode de transmission aux auditoires? Si oui, est-ce que les musiciens seront assez avisés pour monétiser leur travail? Est-ce qu’ils rempliront en temps opportun les documents qui permettent de couvrir une prestation diffusée en continu afin de garantir que leur travail sera protégé par leur syndicat? Ou est-ce qu’ils deviendront simplement des musiciens de rue en ligne, heureux en apparence de se produire devant une poignée d’amis Facebook et se contentant de recueillir quelques sous par l’entremise de financement participatif ou de vente de billets virtuels?

Il est clair que la nouvelle normalité n’aura rien à voir avec l’ancienne et nous aurons peut-être à composer avec elle pendant un bon moment. Dans pareil contexte, assurez-vous d’avoir la FAM de votre côté. Ne vous aventurez pas seul et sans préparation dans cette nouvelle réalité. 







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